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L'AFRIQUE DU NORD AU SUD À MOTO ÉLECTRIQUE

Dernière mise à jour : 28 nov. 2023


Moto électrique en Afrique
La monture de Sinje Gottwald

Il y a quelques semaines, nous avons rencontré Sinje GOTTWALD, première personne à avoir traversé l'Afrique du Nord au Sud à moto électrique. Ce fut une excellente occasion de lui poser quelques questions sur sa préparation, les défis auxquels elle a dû faire face, ses moments de joies, ses rencontres, etc. Quel accomplissement pour cette femme qui a tout simplement ouvert la voie du voyage à moto électrique sur ce continent ! De Barcelone à Cape Town, elle raconte à Bike Out ses aventures rocambolesques.



Bonjour Sinje, peux-tu te présenter en quelques mots stp ?




Je m'appelle Sinje Gottwald. Je suis allemande et je vis à Barcelone. Depuis 2 ans, je travaille pour Cake ou j'occupe le poste de compte clé dans le secteur B2B/B2C.





Qu'est qui t'a motivé à bosser pour Cake ?

Après mes études, j'ai travaillé pour Microsoft pendant 7 ans, et Salesforce pendant 2 ans puis je suis partie à moto pendant 3 ans à travers le monde. En rentrant, je cherchais un peu le job de mes rêves, qui ait un vrai sens. L'opportunité de travailler pour la marque Cake s'est présentée et pour moi ça cochait toutes les cases.


Alors, ça n'est pas le sujet ici, mais tu as fait un voyage de 3 ans à moto autour du monde ?

Oui, ce fut une aventure extraordinaire que j'ai vécue de 2017 à 2020 avec une BMW R100 GS PD. J'ai dû arrêté au moment du Covid. J'étais au Sénégal tout juste entrée en Afrique, après avoir traversé l'Europe, L'Asie, l'Australie et l'Amérique du nord au sud.


La BMW GS de Sinje, pendant son tour du monde.

Parlons un peu de ton trip en deux-roues électrique. Est-ce que tu peux nous donner quelques chiffres afin que l'on se rende bien compte de ce que tu as accompli ?

Bien sûr, le voyage a commencé le 14 octobre 2022 pour se terminer le 15 février 2023. J'ai parcouru environ 13000 kilomètres en 125 jours et traversé 19 pays en partant de Barcelone jusqu'à Cape Town en Afrique du Sud.


Africa map with itinerary followed by Sinje
Itinéraire suivi par Sinje, en Afrique occidentale.


Comment as-tu imaginé ce périple ? Comment l'histoire a commencé ?

En fait, j'y pensais déjà avant de travailler pour Cake. Pourquoi ne pas traverser l'Afrique différemment, au guidon d'une moto électrique ? On m'en a un peu dissuadé à l'époque en me disant que ce n'était pas le genre de moto taillé pour ce type de voyage. Lorsque j'ai dû arrêter mon tour du monde au Sénégal, en raison du Covid, je me suis dis qu'il fallait que je revienne pour terminer ce que j'avais commencé. J'avais d'ailleurs laissé ma BMW là-bas, dans cette optique. J'ai finalement été embauché par Cake et c'est devenu, dès lors, une évidence. Il fallait que je le fasse avec une moto électrique.


Quel était ton but exactement ?

Comme je te l'ai dit au début, je voulais juste finir mon trip. Puis, quelques raisons sont venues se greffer à la première. Je souhaitais montrer que voyager à moto électrique c'était possible et puis je voulais être la première personne à le faire ! Personne n'avait fait ça avant... Traverser toute l'Afrique en bécane électrique, c'est fou, non ? À partir de ce moment là, ça s'annonçait aussi challenging que stimulant.


Et donc, naturellement, tu as choisi la Cake Ap pour entreprendre ce périple ?

Oui, pour moi, c'était la bécane adaptée pour cette aventure et ce, pour plusieurs raisons : déjà elle est homologué pour la route. Ensuite, je savais que j'aurais très peu de maintenance à faire. Et puis il y a le poids qui est rentré en jeu. Ma BMW était tellement lourde dans certaines situations comme la boue ou le sable... Là, il s'agit d'une moto de 80kg, donc ça m'allait très bien.




Motorcycle in the grass during a sunset
La Kalk sur son terrain de jeu favori

Quelques chiffres concernant la Kalk Ap edition


Couple (roue) : 280 Nm

Puisssance max : 11 kW

Vitesse max : +90 km/h

Poids : 80 kg

Batterie : 51.8V / 50Ah / 2.6kWh

Autonomie : jusqu'à 3 heures





Y'a-t-il des choses qui t'inquiétaient avant de partir ?

Disons que ma principale préoccupation, avant de partir, c'était la localisation des points d'électricité pour la recharge. Comme personne n'avait jamais entrepris ce voyage, je n'avais pas de référence et donc très peu d'infos à ce sujet. J'avais des indications sur tout le reste : climats politiques, protocoles aux frontières, exigences en matière de visa, etc. Mais la recharge de la moto... ça restait une zone assez obscure.



Et alors, tes doutes se sont avérés ?

Oooh oui... C'était super dur... (rires)



Parle nous de ton équipement et de tes bagages :


  • 2 sacs de chaque côté de la moto

  • 2 sacs au dessus


Dans le premier sac au dessus j'avais ma batterie de rechange. Je suis donc partie avec 2 batteries. L'une sur la moto et l'autre que je changeais lorsque la première n'avait plus assez d'énergie. Dans le second sac, au dessus, j'avais mes deux chargeurs, comme ça, lorsque je m'arrêtais pour recharger, j'évitais de perdre du temps et rechargeais les deux à la fois.

Dans les saddle bags, j'avais principalement des pièces de rechange dans l'un et des affaires personnelles dans l'autre. Un pantalon, deux T-shirts, une brosse à dent, mes documents de voyage et c'est tout. Plus tu prends de choses, plus tu t'alourdis et plus ton autonomie s'amenuise.



En parlant de poids, tu as une idée du poids total de tes bagages ?

Oui, 40 kilos incluant la seconde batterie (une batterie = 17 kg).



Quel impact sur ton autonomie ?

Il n'y a pas eu d'impact au début car au Maroc les routes étaient plutôt de bonnes qualités et plates. Il n'y avait pas trop de vent donc l'autonomie était conforme aux données de la marque. Une fois, j'ai même fait plus de 90 km... avec le vent dans le dos, j'avoue... :-) Mais dans la plupart des cas je faisais 50/60 km avec une charge.



C'était quoi ta méthode pour charger quotidiennement ? Tu avais toujours la même ?

Je partais très tôt le matin généralement, car je voulais profiter au maximum de la lumière du jour. Je roulais entre trois et quatre heures avec les deux batteries puis je m'arrêtais trois heures environ pour faire la recharge des deux batteries puis je repartais pour trois à quatre heures de route. Cette méthode fut surtout possible au début lorsqu'il y avait de vraies infrastructures pour recharger. À partir de la Guinée-Bissau, ce fut plus compliqué et disons que dès que j'avais une opportunité pour recharger, quand bien même c'était 30km après le départ, je la saisissais. Parfois, c'était juste le seul point d'électricité d'un village. Tu sais, là ou tous les habitants se rendent pour recharger leurs portables.



Combien de kilomètres par jour, tu faisais ?

200 kilomètres environ au Maroc. Bien entendu, un peu moins par la suite lorsque je faisais plus de chemins et qu'il y avait moins d'infrastructures de recharge.


Est-ce que tu avais planifié ton itinéraire en avance ?

Non, je roulais le plus possible et quand j'étais très fatiguée, je m'arrêtais. Si je savais que je devais m'arrêter un ou deux jour pour effectuer un visa par exemple, j'en profitais pour me reposer à ce moment-là. Mais la réalité, c'est que je roulais pratiquement tous les jours.


Est-ce que tu avais une checklist le matin avant de partir ?

Non (rires) mais je checkais régulièrement la moto. La chaîne, les pneus. Pour être franc, il n'y a pas grand chose à vérifier sur une moto électrique (rires).


Quel type de pièces détachées on emporte avec soi lorsque l'on roule en électrique ?

Avec mon voyage en thermique, j'ai fini par être plutôt rodée : vérification du filtre à air, de l'huile moteur, etc... surtout quand tu fais du off-road. Mais avec la moto électrique, si tu as un problème tu ne peux pas réparer comme ça. il faut généralement que tu changes une pièce complète. Ça peut être un écran ou un contrôleur par exemple. J'ai donc apporté ceux qui étaient susceptibles de tomber en panne. Ce qui est cool, c'est que tu n'as pas besoin d'être un pro en mécanique. T'as un problème, tu retires les vis, tu changes la pièce et c'est tout.


Donc, finalement, tu dis que c'est plus simple à réparer qu'un autre type de moto ?

Encore une fois, je n'ai pas vraiment eu de pièces à changer mais si quelque chose était tombé en panne, ça aurait été plutôt simple, oui. L'ordinateur m'aurait dit ce qui clochait et j'aurais effectué le changement.


Comment as-tu fais, concrêtment pour recharger ?

Au Maroc, je m'arrêtais dans les stations services et ça marchait bien. Quand ça a commencé a être un peu plus au sud, en Guinée-Bissau, je devais quand même regarder, le soir ou je pouvais recharger. Pour te dire, j'allais jusqu'à regarder sur google map et google photos si il y avait des habitations avec des lampes ou n'importe quel objet qui me faisait dire qu'il y avait de l'électricité. C'était dingue quand j'y repense. Dès que je captais qu'il y avait quelqu'un qui était susceptible d'en avoir, je savais que j'allais m'arrêter et demander. Donc ça donnait un truc du genre : ok, demain, je roule 50km et je m'arrête pour recharger. Puis je roule 30 km jusqu'à la "possible" prochaine recharge. Même en planifiant à la journée c'était très compliqué car certaines personnes n'avaient tout simplement pas ou plus d'électricité à cause des coupures ou des générateurs qui ne fonctionnaient pas... Bref c'était super challenging.


Et, au fait, est-ce que c'était simple d'échanger les batteries sur la moto ? Ca te prenait combien de temps ?

Très simple, je devais juste enlever la selle, retirer deux vis (que je ne remettais plus à la fin), enlever la batterie, et remettre l'autre en place. Allez, disons 5 minutes max.



Comment réagissaient les locaux quand tu les sollicitaient pour une recharge ?

Dans les stations services, tout le monde était très accueillant. Parfois je devais payer et parfois non . Quand j'arrivais dans les villages, si je disais que je voulais de l'électricité pour recharger ma moto, les locaux ne comprenaient pas forcément. Plusieurs fois, ils partaient et revenaient avec un mécanicien parce qu'ils pensaient que je voulais remettre du liquide dans ma batterie. Le mieux, c'est quand je leur montrais une photo ou vidéo pour leur faire comprendre ce dont j'avais besoin exactement.

Souvent, j'étais en stress, car plus c'était très long à expliquer et moins j'avais de temps pour finir ma journée et je redoutais de rouler de nuit.


Combien tu payais ta recharge aux locaux ?

J'ai pratiquement jamais payé. La plupart du temps je proposais, mais ils refusaient. Lorsque c'était une recharge avec des groupes électrogènes, par contre, j'insistais pour payer l'essence.



Où est-ce que tu dormais ? Dans des hôtels ?

Oui, surtout dans les hôtels, mais pas forcément ceux qu'on imaginent (rires). Avec une moto thermique tu peux te dire, allez, je fais 50 bornes de plus pour ne pas avoir à dormir ici car l'offre est pas terrible. Dans mon cas, ça n'était souvent pas possible. Et parfois, il n'y avait simplement pas d'hôtel, juste une chambre, sale, sans toilettes et sans eau chaude. Autant te dire que ce ne fut pas facile tous les soirs.


Ton pire moment, en quelques mots ?

Il y en a eu pas mal à vrai dire, mais je dirais la traversée du Nigeria. Je ne me suis pas sentie en sécurité. Il y avait beaucoup de militaires et de policiers, parfois très agressifs. Franchement, il y avait un risque élevé que quelque chose m'arrive, quand j'y repense. Un jour, un gars m'a frappé. Les gens te crient dessus avec un AK47 pointé sur toi. Tu ne sais pas s’il s’agit de vrais ou de faux militaires, donc tu ne sais pas comment réagir.


Où est-ce que tu as traversé la frontière Nigérienne ?

Depuis le Sud du Benin à l'entée. La sortie du pays a été problématique car la frontière avec le Cameroun était fermée à cause d'un risque élevé de kidnapping. J'ai dû prendre un bateau pour rejoindre le Cameroun. Ça n'a pas été la plus belle des croisières :-).

Il faut que je te dise aussi que j'ai été escorté militairement sur une bonne partie de mon itinéraire au Nigeria, car les militaires (les vrais) m'ont dit que c'était trop dangereux de voyager seule.

À un moment, ils ne pouvaient plus m'escorter car la route était bloquée par un camion. À partir de ce moment là, ils m'ont laissé seule en prenant soin de me prodiguer quelques conseils : "quand tu es dans ta chambre, n'ouvre à personne de toute la nuit, laisse ta porte fermée quand bien même quelqu'un frappe à ta porte. Sur la route, si des militaires te demandent de t'arrêter à cet endroit, ne le fais pas car ils sont corrompus..."



Military guy with a motorcycle
La fin de l'escorte militaire devant la route bloquée


Personne n'a essayé de te voler ta moto ?

Non, mais je faisais hyper gaffe durant la journée et encore plus la nuit. Quand c'était possible, je rentrais ma bécane dans la chambre. Quand ça n'était pas possible, je demandais toujours à mon hôte où je pouvais la laisser, dans un endroit sécurisé. Jamais je ne l'ai laissée dormir à l'exterieur. Je la couvrais avec une bâche également et rajoutais un bloque disque muni d'une alarme qu'un gars m'avait donné au Sénégal.



Combien de temps ça t'a pris au final de traverser le Nigeria ?

Je n'avais qu'un visa de sept jours donc c'était assez stressant. En fait, ils ont changé les règles quand j'étais en Afrique et tu ne pouvais plus demander de visa à la frontière. Il fallait le faire depuis chez toi. Mais j'allais pas quitté l'Afrique pour rentrer chez moi afin de faire une demande de visa. C'est pour cela qu'ils ne m'ont donné qu'un visa de 7 jours après maintes et maintes négociations à la frontière.



Passons aux bons moments si tu le veux bien ! Un bon souvenir à nous partager ?

Il y en a eu plein, bien heureusement ! Laisse moi réfléchir... Je dirais en Guinée. J'avais un petit problème avec une vis que j'avais cassée parce que je l'avais trop serrée. J'ai rencontré les habitants d'une communauté libanaise comme il y en a pas mal dans le coin et ils m'ont pris sous leur aile. Ils m'ont aidé autant qu'ils ont pu pour réparer. Après quoi ils m'ont invité à une fête d'anniversaire. C'était tellement sympa de leur part ! j'ai vraiment passé un très bon moment en leur compagnie.



Group picture front a typical guinean house
Photo avec la famille qui a aidé Sinje à réparer sa moto


Le meilleur pays pour faire des rencontres :

Dans tous les pays tu peux faire de belles rencontres. Ca dépend dans quel état d'esprit, tu es, toi. J'adore passer du temps à discuter avec les gens mais je dois être franche, je n'ai pas eu tant de temps que ça avec les habitants. J'ai partagé de belles choses bien entendu; j'ai été invité chez les gens, je me souviens une fois, une famille m'a invité à gouté son alcool de palme, tout en prenant bien le temps de m'expliquer le processus de fabrication. Ils étaient géniaux. Mais au final, j'étais très concentré sur mon trip et je ne m'attardais jamais très longtemps.


Les plus beaux paysages ?

C'est une question difficile mais si je devais choisir, je dirais le Gabon. C'était très vert, j'ai adoré !



Motorcycle on a road surounded by equatorial forest
La Cake devant la forêt équatoriale au Gabon


Le Sahara et la Namibie aussi. J'adore rouler dans les régions désertiques.




Motorbike in the middle of a desert in Mauritania
In Mauritania

Quel est le meilleur pays pour recharger sa moto ?

Le Maroc, définitivement.


Est-ce que tu roules toujours à moto ? Si oui, avec quoi tu roules ?

Ma Kalk est utilisée aujourd'hui par le département marketing de Cake. Elle a d'ailleurs été exposée à l'EICMA en Novembre. J'ai rapatrié ma BMW du Sénégal également. J'ai pris, pour cela, un vol gouvernemental français et je l'ai ramené en roulant jusqu'en Espagne.

J'ai également une Husqvarna 450cc et une Cake Makka pour Barcelone.


Recommanderais-tu aux gens qui nous liront de voyager avec une moto électrique ?

Oui, mais différencions le voyage à moto électrique de la traversée de l'Afrique à moto électrique. Parce que traverser l'Afrique n'a pas été une mince affaire. Mais oui, bien sûr, je recommande à tout le monde d'essayer le voyage à moto électrique et ce, pour plusieurs raisons : facilité de maintenance, facilité de prise en main. Le fait de rouler en silence aussi, qui te permet d'être encore plus connecté au pays que tu traverses. Tu es définitivement plus proche des gens. En plus tu roules moins vite, et t'as plus le temps de découvrir ce qui t'entoure. Tu sens tout, tu vois tout, tu ressens tout mieux que dans une voiture.



Où est-ce qu'on peut avoir plus d'infos sur ton aventure ?

Seulement sur Instagram

J'essaie de mettre un nouveau poste tous les jours.



Clique sur ce lien pour accéder à l'Instagram de Sinje



Merci Sinje et à très bientôt !












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